Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/252

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— En sorte que ce que l’on dit de l’une est vrai de l’autre ?

— Oui, sauf le degré. Il y a entre elles le même rapport qu’entre l’arc de cercle et le cercle.

— Donc, si la prohibition est mauvaise, la restriction ne saurait être bonne ?

— Pas plus que l’arc ne peut être droit si le cercle est courbe.

— Quel est le nom commun à la restriction et à la prohibition ?

— Protection.

— Quel est l’effet définitif de la protection ?

— D’exiger des hommes un plus grand travail pour un même résultat.

— Pourquoi les hommes sont-ils si attachés au régime protecteur ?

— Parce que la liberté devant amener un même résultat pour un moindre travail, cette diminution apparente de travail les effraie.

— Pourquoi dites-vous apparente ?

— Parce que tout travail épargné peut être consacré à autre chose.

— À quelle autre chose ?

— C’est ce qui ne peut être précisé et n’a pas besoin de l’être.

— Pourquoi ?

— Parce que, si la somme des satisfactions de la France actuelle pouvait être acquise avec une diminution d’un dixième sur la somme de son travail, nul ne peut préciser quelles satisfactions nouvelles elle voudrait se procurer avec le travail resté disponible. L’un voudrait être mieux vêtu, l’autre mieux nourri, celui-ci mieux instruit, celui-là plus amusé.

— Expliquez-moi le mécanisme et les effets de la protection.