Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/302

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« Pourquoi semer ainsi l’alarme ? disaient ces derniers. Pourquoi inscrire sur votre drapeau un principe ? Pourquoi ne pas vous borner à réclamer dans le tarif des douanes ces modifications sages et prudentes que le temps a rendues nécessaires, et dont l’expérience a constaté l’opportunité ? »

Pourquoi ? parce que, à mes yeux du moins, jamais le libre-échange n’a été une question de douane et de tarif, mais une question de droit, de justice, d’ordre public, de Propriété. Parce que le privilége, sous quelque forme qu’il se manifeste, implique la négation ou le mépris de la propriété ; parce que l’intervention de l’État pour niveler les fortunes, pour grossir la part des uns aux dépens des autres, c’est du communisme, comme une goutte d’eau est aussi bien de l’eau que l’Océan tout entier ; parce que je prévoyais que le principe de la propriété, une fois ébranlé sous une forme, ne tarderait pas à être attaqué sous mille formes diverses ; parce que je n’avais pas quitté ma solitude pour poursuivre une modification partielle de tarifs, qui aurait impliqué mon adhésion à cette fausse notion que la loi est antérieure à la propriété, mais pour voler au secours du principe opposé, compromis par le régime protecteur ; parce que j’étais convaincu que les propriétaires fonciers et les capitalistes avaient eux-mêmes déposé, dans le tarif, le germe de ce communisme qui les effraie maintenant, puisqu’ils demandaient à la loi des suppléments de profits, au préjudice des classes ouvrières. Je voyais bien que ces classes ne tarderaient pas à réclamer aussi, en vertu de l’égalité, le bénéfice de la loi appliquée à niveler le bien-être, ce qui est le communisme.

Qu’on lise le premier acte émané de notre Association, le programme rédigé dans une séance préparatoire, le 10 mai 1846 ; on se convaincra que ce fut là notre pensée dominante.

« L’échange est un droit naturel comme la Propriété. Tout citoyen