Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/304

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de la Propriété, que nous aurions nous-mêmes tenu dans l’ombre et mis hors de cause ?

Je le répète, nous demandions l’abolition du régime protecteur, non comme une bonne mesure gouvernementale, mais comme une justice, comme la réalisation de la liberté, comme la conséquence rigoureuse d’un droit supérieur à la loi. Ce que nous voulions au fond, nous ne devions pas le dissimuler dans la forme[1].

Le temps approche où l’on reconnaîtra que nous avons eu raison de ne pas consentir à mettre, dans le titre de notre Association, un leurre, un piége, une surprise, une équivoque, mais la franche expression d’un principe éternel d’ordre et de justice, car il n’y a de puissance que dans les principes ; eux seuls sont le flambeau des intelligences, le point de ralliement des convictions égarées.

Dans ces derniers temps, un tressaillement universel a parcouru, comme un frisson d’effroi, la France tout entière. Au seul mot de communisme, toutes les existences se sont alarmées. En voyant se produire au grand jour et presque officiellement les systèmes les plus étranges, en voyant se succéder des décrets subversifs, qui peuvent être suivis de décrets plus subversifs encore, chacun s’est demandé dans quelle voie nous marchions. Les capitaux se sont effrayés, le crédit a fui, le travail a été suspendu, la scie et le marteau se sont arrêtés au milieu de leur œuvre, comme si un funeste et universel courant électrique eût paralysé tout à coup les intelligences et les bras. Et pourquoi ? Parce que le principe de la propriété, déjà compromis essentiellement par le régime protecteur, a éprouvé de nouvelles secousses, conséquences de la première ; parce que l’intervention de la Loi en matière d’industrie, et

  1. Voy., au tome Ier, la lettre adressée, dès janvier 1845, à M. de Lamartine sur le Droit au travail.(Note de l’éditeur.)