Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/306

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doctrine, dont ils ont eux-mêmes posé les bases iniques, et dont ils croyaient faire paisiblement tourner les conséquences à leur seul profit ? Oui, prohibitionistes, vous avez été les promoteurs du communisme. Oui, propriétaires, vous avez détruit dans les esprits la vraie notion de la Propriété. Cette notion, c’est l’Économie politique qui la donne, et vous avez proscrit l’Économie politique, parce que, au nom du droit de propriété, elle combattait vos injustes priviléges[1]. — Et quand elles ont saisi le pouvoir, quelle a été aussi la première pensée de ces écoles modernes qui vous effraient ? C’est de supprimer l’Économie politique, car la science économique, c’est une protestation perpétuelle contre ce nivellement légal que vous avez recherché et que d’autres recherchent aujourd’hui à votre exemple. Vous avez demandé à la Loi autre chose et plus qu’il ne faut demander à la Loi, autre chose et plus que la Loi ne peut donner. Vous lui avez demandé, non la sécurité (c’eût été votre droit), mais la plus-value de ce qui vous appartient, ce qui ne pouvait vous être accordé sans porter atteinte aux droits d’autrui. Et maintenant, la folie de vos prétentions est devenue la folie universelle. — Et si vous voulez conjurer l’orage qui menace de vous engloutir, il ne vous reste qu’une ressource. Reconnaissez votre erreur ; renoncez à vos priviléges ; faites rentrer la Loi dans ses attributions, renfermez le Législateur dans son rôle. Vous nous avez délaissés, vous nous avez attaqués, parce que vous ne nous compreniez pas sans doute. À l’aspect de l’abîme que vous avez ouvert de vos propres mains, hâtez-vous de vous rallier à nous, dans notre propagande en faveur du droit de propriété, en donnant, je le répète, à ce mot sa signification la plus large, en y comprenant et les facultés de l’homme

  1. Voy., au tome V, Spoliation et Loi ; — Guerre aux chaires d’économie politique.(Note de l’éditeur.)