Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/38

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Cette page a été validée par deux contributeurs.

et le prix de revient de la denrée similaire produite chez nos voisins… Un droit protecteur calculé sur ces bases ne fait qu’assurer la libre concurrence… ; la libre concurrence n’existe que lorsqu’il y a égalité de conditions et de charges. Lorsqu’il s’agit d’une course de chevaux, on pèse le fardeau que doit supporter chacun des coureurs, et on égalise les conditions ; sans cela, ce ne sont plus des concurrents. Quand il s’agit de commerce, si l’un des vendeurs peut livrer à meilleur marché, il cesse d’être concurrent et devient monopoleur… Supprimez cette protection représentative de la différence dans le prix de revient, dès lors l’étranger envahit votre marché et le monopole lui est acquis[1]. »

« Chacun doit vouloir pour lui, comme pour les autres, que la production du pays soit protégée contre la concurrence étrangère, toutes les fois que celle-ci pourrait fournir les produits à plus bas prix[2]. »

Cet argument revient sans cesse dans les écrits de l’école protectioniste. Je me propose de l’examiner avec soin, c’est-à-dire que je réclame l’attention et même la patience du lecteur. Je m’occuperai d’abord des inégalités qui tiennent à la nature, ensuite de celles qui se rattachent à la diversité des taxes.

Ici, comme ailleurs, nous retrouvons les théoriciens de la protection placés au point de vue du producteur, tandis que nous prenons en main la cause de ces malheureux consommateurs dont ils ne veulent absolument pas tenir compte. Ils comparent le champ de l’industrie au turf. Mais, au turf, la course est tout à la fois moyen et but. Le public ne prend aucun intérêt à la lutte en dehors de la lutte elle-même. Quand vous lancez vos chevaux dans l’unique but

  1. M. le vicomte de Romanet.
  2. Mathieu de Dombasle.