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PAMPHLETS.

paierez ? Non, c’est le travail. Donc, est-ce l’air qui a acquis de la valeur ? Parlez ainsi pour abréger, si vous voulez, mais n’oubliez pas que c’est une métonymie ; que l’air reste gratuit ; et qu’aucune intelligence humaine ne saurait lui assigner une valeur ; que s’il en a une, c’est celle qui se mesure par la peine prise, comparée à la peine donnée en échange.

Un blanchisseur est obligé de faire sécher le linge dans un grand établissement par l’action du feu. Un autre se contente de l’exposer au soleil. Ce dernier prend moins de peine ; il n’est ni ne peut être aussi exigeant. Il ne me fait donc pas payer la chaleur des rayons du soleil, et c’est moi consommateur qui en profite.

Ainsi la grande loi économique est celle-ci :

Les services s’échangent contre des services.

Do ut des ; do ut facias ; facio ut des ; facio ut facias ; fais ceci pour moi, et je ferai cela pour toi, c’est bien trivial, bien vulgaire ; ce n’en est pas moins le commencement, le milieu et la fin de la science[1].

Nous pouvons tirer de ces trois exemples cette conclusion générale : Le consommateur rémunère tous les services qu’on lui rend, toute la peine qu’on lui épargne, tous les

  1. « Il ne suffit pas que la valeur ne soit pas dans la matière ou dans les forces naturelles. Il ne suffit pas qu’elle soit exclusivement dans les services. Il faut encore que les services eux-mêmes ne puissent pas avoir une valeur exagérée. Car qu’importe à un malheureux ouvrier de payer le blé cher, parce que le propriétaire se fait payer les puissances productives du sol ou bien se fait payer démesurément son intervention ? »

    « C’est l’œuvre de la Concurrence d’égaliser les services sur le pied de la justice. Elle y travaille sans cesse. »(Pensée inédite de l’auteur.)

    Pour les développements sur la Valeur et la Concurrence, voy. les chap. v et x des Harmonies économiques, au tome VI.

    Voy., de plus, au présent volume, les exemples cités pag. 38 et suiv.(Note de l’éditeur.)