Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/469

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teur d’avoir imprimé à son œuvre quatre taches légères :

1o L’oisiveté,

2o La promiscuité,

3o Le meurtre des enfants,

4o L’assassinat en masse des esclaves.

Ces quatre réserves une fois faites, le bonhomme, rentrant dans le conventionalisme classique, voit en Lycurgue non un homme, mais un dieu, et trouve sa police parfaite.

L’intervention du législateur en toutes choses paraît à Rollin si indispensable, qu’il félicite très-sérieusement les Grecs de ce qu’un homme nommé Pélasge soit venu leur enseigner à manger du gland. Avant, dit-il, ils broutaient l’herbe comme les bêtes.

Ailleurs, il dit :


« Dieu devait l’empire du monde aux Romains en récompense de leurs grandes vertus, qui ne sont qu’apparentes. Il n’aurait pas fait justice s’il avait accordé à ces vertus, qui n’ont rien de réel, un moindre prix. »


Ne voit-on pas clairement ici le conventionalisme et le christianisme se disputer, dans la personne de Rollin, une pauvre âme en peine ? L’esprit de cette phrase, c’est l’esprit de tous les ouvrages du fondateur de l’enseignement en France. Se contredire, faire Dieu se contredire et nous apprendre à nous contredire, c’est tout Rollin, c’est tout le Baccalauréat.

Si la Promiscuité et l’Infanticide éveillent les scrupules de Rollin, à l’égard des institutions de Lycurgue, il se passionne pour tout le reste, et trouve même moyen de justifier le vol. Voici comment. Le trait est curieux, et se rattache assez à mon sujet pour mériter d’être rapporté.

Rollin commence par poser en principe que la loi crée la propriété, — principe funeste, commun à tous les organisateurs, et que nous retrouverons bientôt dans la bouche de Rousseau, de Mably, de Mirabeau, de Robespierre et de