Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/484

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question de propriété. J’oublie que j’ai entrepris de montrer comment l’éducation classique a perverti toutes les notions morales. Convaincu que le lecteur voudra bien me croire sur parole, quand j’affirme que Saint-Just a dépassé Robespierre dans la voie du communisme, je reprends mon sujet.

Il faut d’abord savoir que les erreurs de Saint-Just se rattachaient aux études classiques. Comme tous les hommes de son temps et du nôtre, il était imprégné d’Antiquité. Il se croyait un Brutus. Retenu loin de Paris par son parti, il écrivait :


« Ô Dieu ! faut-il que Brutus languisse, oublié, loin de Rome ! Mon parti est pris, cependant, et si Brutus ne tue point les autres, il se tuera lui-même. »


Tuer ! il semble que ce soit ici-bas la destination de l’homme.

Tous les hellénistes et latinistes sont convenus que le principe d’une république, c’est la vertu, et Dieu sait ce qu’ils entendent par ce mot ! C’est pourquoi Saint-Just écrivait.


« Un gouvernement républicain a la Vertu pour principe, sinon la Terreur. »


C’est encore une opinion dominante dans l’antiquité que le travail est infâme. Aussi Saint-Just le condamnait en ces termes :


« Un métier s’accorde mal avec le véritable citoyen. La main de l’homme n’est faite que pour la terre et pour les armes. »


Et c’est pour que personne ne pût s’avilir à exercer un métier qu’il voulait distribuer des terres à tout le monde.

Nous avons vu que, selon les idées des anciens, le législateur est à l’humanité ce que le potier est à l’argile. Malheureusement, quand cette idée domine, nul ne veut être argile