Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/53

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nuer, la part de la nature dans la production serait moindre, celle du travail plus grande, et le produit plus cher. J’ai donc eu raison de dire que c’est dans la consommation, dans l’humanité que viennent se résoudre, à la longue, tous les phénomènes économiques. Tant qu’on n’a pas suivi leurs effets jusque-là, tant qu’on s’arrête aux effets immédiats, à ceux qui affectent un homme ou une classe d’hommes, en tant que producteurs, on n’est pas économiste ; pas plus que celui-là n’est médecin qui, au lieu de suivre dans tout l’organisme les effets d’un breuvage, se bornerait à observer, pour le juger, comment il affecte le palais ou le gosier.

Les régions tropicales sont très-favorisées pour la production du sucre, du café. Cela veut dire que la nature fait la plus grande partie de la besogne et laisse peu à faire au travail. Mais alors qui recueille les avantages de cette libéralité de la nature ? Ce ne sont point ces régions, car la concurrence les amène à ne recevoir que la rémunération du travail ; mais c’est l’humanité, car le résultat de cette libéralité s’appelle bon marché, et le bon marché appartient à tout le monde.

Voici une zone tempérée où la houille, le minerai de fer, sont à la surface du sol, il ne faut que se baisser pour en prendre. D’abord, les habitants profiteront de cette heureuse circonstance, je le veux bien. Mais bientôt, la concurrence s’en mêlant, le prix de la houille et du fer baissera jusqu’à ce que le don de la nature soit gratuitement acquis à tous, et que le travail humain soit seul rémunéré, selon le taux général des profits.

Ainsi les libéralités de la nature, comme les perfectionnements acquis dans les procédés de la production, sont ou tendent sans cesse à devenir, sous la loi de la concurrence, le patrimoine commun et gratuit des consommateurs, des masses, de l’humanité. Donc, les pays qui ne possèdent pas