Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/542

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

considération d’un ordre supérieur mise de côté. J’affirme, en outre, que je suis arrivé à ce résultat : que toute mesure restrictive produit un avantage et deux inconvénients, ou, si vous voulez, un profit et deux pertes, chacune de ces pertes égale au profit, d’où il résulte une perte sèche, définitive, laquelle vient rendre ce consolant témoignage qu’en ceci, comme en bien d’autres choses, et j’ose dire en tout, Utilité et Justice concordent.

Ceci n’est qu’une affirmation, c’est vrai ; mais on peut l’appuyer de preuves mathématiques.

Ce qui fait que l’opinion publique s’égare sur ce point, c’est que le Profit de la protection est visible à l’œil nu, tandis que des deux Pertes égales qu’elle entraîne, l’une se divise à l’infini entre tous les citoyens, et l’autre ne se montre qu’à l’œil investigateur de l’esprit.

Sans prétendre faire ici cette démonstration, qu’il me soit permis d’en indiquer la base.

Deux produits, A et B, ont en France une valeur normale de 50 et 40. Admettons que A ne vaille en Belgique que 40. Ceci posé, si la France est soumise au régime restrictif, elle aura la jouissance de A et de B en détournant de l’ensemble de ses efforts une quantité égale à 90, car elle sera réduite à produire A directement. Si elle est libre, cette somme d’efforts, égale à 90, fera face : 1o à la production de B qu’elle livrera à la Belgique pour en obtenir A ; 2o la production d’un autre B pour elle-même ; 3o à la production de C.

C’est cette portion de travail disponible appliqué à la production de C dans le second cas, c’est-à-dire créant une nouvelle richesse égale à 10, sans que pour cela la France soit privée ni de A ni de B, qui fait toute la difficulté. À la place de A, mettez du fer ; à la place de B, du vin, de la soie, des articles Paris ; à la place de C, mettez de la ri-