Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 4.djvu/73

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Belge lui dit : Donnez moi votre pièce de vin, et je vous donnerai en échange quinze paquets de fil. L’Anglais dit : Donnez-moi votre vin, et je vous donnerai vingt paquets de fil ; car, nous autres Anglais, nous filons à meilleur marché que les Belges. Mais un douanier qui se trouvait là dit : Brave homme, échangez avec le Belge, si vous le trouvez bon, mais je suis chargé de vous empêcher d’échanger avec l’Anglais. Quoi ! dit le campagnard, vous voulez que je me contente de quinze paquets de fil venu de Bruxelles, quand je puis en avoir vingt venus de Manchester ? — Certainement ; ne voyez-vous pas que la France perdrait si vous receviez vingt paquets, au lieu de quinze ? — J’ai peine à le comprendre, dit le vigneron. — Et moi à l’expliquer, repartit le douanier ; mais la chose est sûre : car tous les députés, ministres et gazetiers sont d’accord sur ce point, que plus un peuple reçoit en échange d’une quantité donnée de ses produits, plus il s’appauvrit. Il fallut conclure avec le Belge. La fille du campagnard n’eut que les trois quarts de son trousseau, et ces braves gens en sont encore à se demander comment il se fait qu’on se ruine en recevant quatre au lieu de trois, et pourquoi on est plus riche avec trois douzaines de serviettes qu’avec quatre douzaines.



IX. — IMMENSE DÉCOUVERTE !!!


Au moment où tous les esprits sont occupés à chercher des économies sur les moyens de transport ;

Au moment où, pour réaliser ces économies, on nivelle les routes, on canalise les rivières, on perfectionne les bateaux à vapeur, on relie à Paris toutes nos frontières par une étoile de fer, par des systèmes de traction atmosphériques, hydrauliques, pneumatiques, électriques, etc. ;

Au moment enfin où je dois croire que chacun cherche avec ardeur et sincérité la solution de ce problème :