Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/321

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arriverait. Vous répugne-t-il de faire de la Banque de France, par le remboursement de ses actionnaires, cette Banque nationale que je propose ? Alors que la Banque de France restitue les 382 millions d’espèces qui appartiennent au public, et dont elle n’est que la détentrice. Avec 382 millions on peut très-bien organiser une banque ; qu’en pensez-vous ? Et la plus grosse de l’univers. En quoi donc cette banque, formée par la commandite de tout le peuple, ne serait-elle pas libre ? Faites cela seulement, et quand vous aurez attaché ce grelot révolutionnaire, quand vous aurez de la sorte édicté le premier acte de la République démocratique et sociale, je me charge de vous déduire les conséquences de cette grande innovation. Vous saurez alors quel est mon système.

Quant à vous, monsieur Bastiat, qui, économiste, vous moquez de la métaphysique, dont l’économie politique n’est que l’expression concrète ; qui, membre de l’Institut, ne savez pas même où en est la philosophie de votre siècle ; qui, auteur d’un livre intitulé Harmonies économiques, probablement par opposition aux Contradictions économiques[1], ne concevez rien aux harmoniques de l’histoire, et ne voyez dans le progrès qu’un désolant fatalisme ; qui, champion du capital et de l’intérêt, ignorez jusqu’aux principes de la comptabilité commerciale ; qui, concevant enfin, à travers les ambages d’une imagination effarée, et sur la foi de vos auteurs beaucoup plus que d’après votre intime conviction, qu’il est possible d’organiser, avec les fonds du

  1. M. Proudhon s’est trompé dans sa conjecture. Bastiat n’a pas écrit les Harmonies par opposition aux Contradictions économiques, car, le 5 juin 1845, c’est-à-dire antérieurement à l’apparition des Contradictions, il communiquait par lettre à un ami le projet d’écrire les Harmonies sociales. Rappelons aussi que Bastiat était seulement membre correspondant de l’Institut. (Note de l’éditeur.)