de la disette, telle qu’elle se manifeste dans les restrictions, les monopoles et les priviléges. Elle ne fait que traduire et voiler, par un commentaire scientifique, ce sentiment égoïste que nous portons tous au fond du cœur : les concurrents m’importunent.
Quand nous apportons un produit sur le marché, deux circonstances sont également de nature à en surhausser la valeur : la première, c’est qu’il y rencontre une très-grande abondance des choses contre lesquelles il peut s’échanger, c’est-à-dire de tout ; la seconde, c’est qu’il y rencontre une très-grande rareté de ses similaires.
Or, ni par nous-mêmes, ni par l’intermédiaire des lois et de la force publique, nous ne pouvons rien sur la première de ces circonstances. L’abondance universelle ne se décrète malheureusement pas ; il y faut d’autres façons ; les législateurs, les douaniers et les entraves n’y peuvent rien.
Si donc nous voulons élever artificiellement la valeur du produit, force nous est d’agir sur l’autre élément de cette valeur. En ceci, la volonté individuelle n’est pas aussi impuissante. Avec des lois ad hoc, avec de l’arbitraire, avec des baïonnettes, avec des chaînes, avec des entraves, avec des châtiments et des persécutions, il n’est pas impossible de chasser les concurrents, de créer la rareté et cette hausse artificielle qui est l’objet de nos désirs.
Les choses étant ainsi, il est aisé de comprendre ce qui peut et doit arriver dans un temps d’ignorance, de barbarie et de cupidité effrénée.
Chacun s’adresse à la législature, et par cet intermédiaire à la force publique, pour lui demander de créer artificiellement, par tous les moyens en son pouvoir, la rareté de la chose qu’il produit. L’agriculteur demande la rareté du blé ; l’éleveur, la rareté du bétail ; le maître de forges, la rareté du fer ; le colon, la rareté du sucre ; le tisseur, la rareté du drap, etc., etc. Chacun donne les mêmes raisons,