Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/479

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cun peut y faire croître ce qu’il veut ; les uns du blé, les autres, des herbages, les autres, des œillets et des roses, d’autres, du vin.

Eh bien, de tous ces produits, il y en a un, il y en a un seul qui, une fois entré dans la circulation, est grevé d’un impôt qui rend au Trésor 106 millions. Tous les autres produits agricoles sont affranchis de cette taxe.

On peut dire que l’impôt est utile, nécessaire, ce n’est pas la question que j’aborde ; mais on ne peut pas dire qu’il ne soit injuste, au point de vue du propriétaire.

Il est vrai qu’on dit que l’impôt ne retombe pas sur le producteur. C’est ce que j’examinerai tout à l’heure.

Nous disons ensuite que l’impôt est mal réparti.

En vérité, j’ai été fort surpris que cela ait été contesté, car enfin… (Interruption.)

Un membre à droite. Parlez un peu plus haut !

M. le Président. J’invite l’Assemblée au silence.

M. F. Bastiat. Je veux même abandonner cet argument pour aller plus vite.

Voix diverses. Parlez ! parlez !

M. F. Bastiat. Il me semble que la chose est tellement claire, qu’il est tellement évident que l’impôt est mal réparti, que véritablement on est embarrassé de le démontrer.

Quand on voit, par exemple, qu’un homme qui, dans une orgie, boit pour 6 francs de vin de Champagne, paie le même impôt que l’ouvrier, qui a besoin de réparer ses forces pour le travail, et boit pour 6 sous de vin commun, il est impossible de dire qu’il n’y a pas une inégalité, une monstruosité dans la répartition de l’impôt sur les boissons. (Très-bien !)

On a presque fait un calcul infinitésimal pour établir que l’impôt est peu de chose, que ce sont des fractions de centime, et qu’on ne devrait pas en tenir compte. C’est