Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/117

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aux qualités chimiques de certaines substances ; à la puissance des chutes d’eau, de l’élasticité de la vapeur, de la gravitation, de l’électricité.

Le commerce a su faire tourner au profit de l’homme la vigueur et l’instinct de certaines races animales, la force du vent qui enfle les voiles de ses navires, les lois du magnétisme qui, agissant sur la boussole, dirigent leur sillage à travers l’immensité des mers.

Il est deux vérités hors de toute contestation. La première, c’est que l’homme est d’autant mieux pourvu de toutes choses, qu’il tire un meilleur parti des forces de la nature.

Il est palpable, en effet, qu’on obtient plus de blé, à égalité d’efforts, sur une bonne terre végétale que sur des sables arides ou de stériles rochers.

La seconde, c’est que les agents naturels sont répartis sur le globe d’une manière inégale.

Qui oserait soutenir que toutes terres sont également propres aux mêmes cultures, toutes contrées au même genre de fabrication ?

Or, s’il est vrai que les forces naturelles diffèrent sur les divers points du globe, et si, d’un autre côté, les hommes sont d’autant plus riches qu’ils s’en font plus aider, il s’ensuit que la faculté d’échanger augmente, dans une proportion incommensurable, l’utile concours de ces forces.

Ici nous retrouvons en présence l’utilité gratuite et l’utilité onéreuse, celle-là se substituant à celle-ci, en vertu de l’échange. N’est-il pas clair, en effet, que si, privés de la faculté d’échanger, les hommes étaient réduits à produire de la glace sous l’équateur et du sucre près des pôles, ils devraient faire avec beaucoup de peine ce que le chaud et le froid font aujourd’hui gratuitement pour eux, et qu’à leur égard une immense proportion de forces naturelles resterait dans l’inertie ? Grâce à l’échange, ces forces sont utilisées partout où on les rencontre. La terre à blé est se-