Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/120

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que, lorsqu’un homme dit à un autre : « Ne fait que ceci, je ne ferai que cela, et nous partagerons, » il y a meilleur emploi du travail, des facultés, des agents naturels, des capitaux, et, par conséquent, il y a plus à partager. À plus forte raison si trois, dix, cent, mille, plusieurs millions d’hommes entrent dans l’association.

Les deux propositions que j’ai avancées sont donc rigoureusement vraies, à savoir :

Dans l’isolement, nos besoins dépassent nos

Dans l’état social, nos facultés dépassent nos besoins.

La première est vraie, puisque toute la surface de la France ne pourrait faire subsister un seul homme à l’état d’isolement absolu.

La seconde est vraie, puisque, en fait, la population de cette même surface croît en nombre et en bien-être.

Progrès de l’échange. La forme primitive de l’échange, c’est le troc. Deux personnes, dont chacune éprouve un désir et possède l’objet qui peut satisfaire le désir de l’autre, se font cession réciproque, ou bien elles conviennent de travailler séparément chacune à une chose, sauf à partager dans des proportions débattues le produit total. — Voilà le troc, qui est, comme diraient les socialistes, l’échange, le trafic, le commerce embryonnaire. Nous remarquons ici deux désirs comme mobiles, deux efforts comme moyens, deux satisfactions comme résultat ou comme consommation de l’évolution entière, et rien ne diffère essentiellement de la même évolution accomplie dans l’isolement, si ce n’est que les désirs et les satisfactions sont demeurés, selon leur nature, intransmissibles, et que les efforts seuls ont été échangés ; en d’autres termes, deux personnes ont travaillé l’une pour l’autre, elles se sont rendu mutuellement service.

Aussi c’est là que commence véritablement l’économie politique, car c’est là que nous pouvons observer la première apparition de la valeur. Le troc ne s’accomplit qu’à