Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/17

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Entre le peuple et la bourgeoisie,

Entre l’agriculture et la fabrique,

Entre le campagnard et le citadin,

Entre le regnicole et l’étranger,

Entre le producteur et le consommateur,

Entre la civilisation et l’organisation,

Et, pour tout dire en un mot :

Entre la Liberté et l’Harmonie.

Et ceci explique comment il se fait qu’encore qu’une sorte de philanthropie sentimentaliste habite leur cœur, la haine découle de leurs lèvres. Chacun d’eux réserve tout son amour pour la société qu’il a rêvée ; mais, quant à celle où il nous a été donné de vivre, elle ne saurait s’écrouler trop tôt à leur gré, afin que sur ses débris s’élève la Jérusalem nouvelle.

J’ai dit que l’École économiste, partant de la naturelle harmonie des intérêts, concluait à la Liberté.

Cependant, je dois en convenir, si les économistes, en général, concluent à la Liberté, il n’est malheureusement pas aussi vrai que leurs principes établissent solidement le point de départ : l’harmonie des intérêts.

Avant d’aller plus loin et afin de vous prémunir contre les inductions qu’on ne manquera pas de tirer de cet aveu, je dois dire un mot de la situation respective du Socialisme et de l’Économie politique.

Il serait insensé à moi de dire que le Socialisme n’a jamais rencontré une vérité, que l’Économie politique n’est jamais tombée dans une erreur.

Ce qui sépare profondément les deux écoles, c’est la différence des méthodes. L’une, comme l’astrologie et l’alchimie, procède par l’Imagination ; l’autre, comme