Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/235

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Concluons qu’on peut donner et qu’on donne légitimement deux sens au mot Richesse :

La Richesse effective, vraie, réalisant des satisfactions, ou la somme des Utilités que le travail humain, aidé du concours de la nature, met à la portée des sociétés.

La Richesse relative, c’est-à-dire la quote-part proportionnelle de chacun à la Richesse générale, quote-part qui se détermine par la Valeur.

Voici donc la loi Harmonique enveloppée dans ce mot :

Par le travail, l’action des hommes se combine avec l’action de la nature.

L’Utilité résulte de cette coopération.

Chacun prend à l’utilité générale une part proportionnelle à la valeur qu’il crée, c’est-à-dire aux services qu’il rend, — c’est-à-dire, en définitive, à l’utilité dont il est lui-même[1].


Moralité de la richesse. Nous venons d’étudier la richesse au point de vue économique : il n’est peut-être pas inutile de dire quelque chose de ses effets moraux.

À toutes les époques, la richesse, au point de vue moral, a été un sujet de controverse. Certains philosophes, certaines religions ont ordonné de la mépriser ; d’autres ont surtout vanté la médiocrité. Aurea mediocritas. Il en est bien peu, s’il en est, qui aient admis comme morale une ardente aspiration vers les jouissances de la fortune.

Qui a tort ? qui a raison ? Il n’appartient pas à l’économie politique de traiter ce sujet de morale individuelle. Je dirai seulement ceci : Je suis toujours porté à croire que, dans les choses qui sont du domaine de la pratique universelle, les théoriciens, les savants, les philosophes sont beaucoup plus sujets à se tromper que cette pratique universelle elle-

  1. Ce qui suit est un commencement de note complémentaire trouvé dans les papiers de l’auteur. (Note de l’éditeur.)