Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/338

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sent les propriétaires. Elles ne s’aperçoivent pas que c’est à leurs dépens, et, je le sais par expérience, il n’est pas toujours prudent de le leur dire.

Chose étrange ! le peuple écoute volontiers les sectaires qui lui prêchent le Communisme, qui est l’esclavage, puisque n’être pas propriétaire de ses services c’est être esclave ; — et il dédaigne ceux qui défendent partout et toujours la Liberté, qui est la Communauté des bienfaits de Dieu.

Nous arrivons à la troisième hypothèse, celle où la totalité de la surface cultivable du globe sera passée dans le domaine de l’appropriation individuelle.

Nous avons encore ici deux classes en présence : celle qui possède le sol et celle qui ne le possède pas. La première ne sera t-elle pas en mesure d’opprimer la seconde ? et celle-ci ne sera-t-elle pas réduite à donner toujours plus de travail contre une égale quantité de subsistances ?

Si je réponds à l’objection, c’est, on le comprendra, pour l’honneur de la science ; car nous sommes séparés par plusieurs centaines de siècles de l’époque où l’hypothèse sera une réalité.

Mais enfin, tout annonce que le temps arrivera où il ne sera plus possible de contenir les exigences des propriétaires par ces mots : Il y a des terres à défricher.

Je prie le lecteur de remarquer que cette hypothèse en implique une autre : c’est qu’à cette époque la population sera arrivée à la limite extrême de ce que la terre peut faire subsister.

C’est là un élément nouveau et considérable dans la question. C’est à peu près comme si l’on me demandait : Qu’arrivera-t-il quand il n’y aura plus assez d’air dans l’atmosphère pour les poitrines devenues trop nombreuses ?

Quoi qu’on pense du principe de la population, il est au moins certain qu’elle peut augmenter, et même qu’elle tend à augmenter, puisqu’elle augmente. Tout l’arrangement