Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/403

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Nous avons vu toutes les Harmonies sociales contenues en germe dans ces deux principes : Propriété, Liberté. — Nous verrons que toutes les dissonances sociales ne sont que le développement de ces deux autres principes antagoniques aux premiers : Spoliation, Oppression.

Et même, les mots Propriété, Liberté n’expriment que deux aspects de la même idée. Au point de vue économique, la liberté se rapporte à l’acte de produire, la Propriété aux produits. — Et puisque la Valeur a sa raison d’être dans l’acte humain, on peut dire que la liberté implique et comprend la Propriété. — Il en est de même de l’Oppression à l’égard de la Spoliation.

Liberté ! voilà, en définitive, le principe harmonique. Oppression ! voilà le principe dissonant ; la lutte de ces deux puissances remplit les annales du genre humain.

Et comme l’Oppression a pour but de réaliser une appropriation injuste, — comme elle se résout et se résume en spoliation, c’est la Spoliation que je mettrai en scène.

L’homme arrive sur cette terre attaché au joug du besoin, qui est une peine.

Il n’y peut échapper qu’en s’asservissant au joug du travail, qui est une peine.

Il n’a donc que le choix des douleurs, et il hait la douleur.

C’est pourquoi il jette ses regards autour de lui, et s’il voit que son semblable a accumulé des richesses, il conçoit la pensée de se les approprier. De là la fausse propriété ou la Spoliation.

La Spoliation ! voici un élément nouveau dans l’économie des sociétés.

Depuis le jour où il a fait son apparition dans le monde jusqu’au jour, si jamais il arrive, où il aura complétement disparu, cet élément affectera profondément tout le mécanisme social ; il troublera, au point de les rendre méconnais-