Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/582

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les décrire, de les faire comprendre, bien certains qu’il lui suffit de les voir pour les suivre. — Comme l’homme en se trompant sur ses intérêts nuit aux intérêts généraux (cela résulte de la concordance), le gouvernement sera chargé de ramener le petit nombre des dissidents, des violateurs des lois providentielles, dans la voie de la justice se confondant avec celle de l’utilité. — En d’autres termes, la mission unique du gouvernement sera de faire régner la justice. Il n’aura plus à s’embarrasser de produire péniblement, à grands frais, en empiétant sur la liberté individuelle, une Harmonie qui se fait d’elle-même et que l’action gouvernementale détruit.

D’après ce qui précède, on voit que nous ne sommes pas tellement fanatique de l’harmonie sociale que nous ne convenions qu’elle peut être et qu’elle est souvent troublée. Je dois même dire que, selon moi, les perturbations apportées à ce bel ordre par les passions aveugles, par l’ignorance et l’erreur, sont infiniment plus grandes et plus prolongées qu’on ne pourrait le supposer. Ce sont ces causes perturbatrices que nous allons étudier.


L’homme est jeté sur cette terre. Il porte invinciblement en lui-même l’attrait vers le bonheur, l’aversion de la douleur. — Puisqu’il agit en vertu de cette impulsion, on ne peut nier que l’Intérêt personnel ne soit le grand mobile de l’individu, de tous les individus, et par conséquent de la société. — Puisque l’intérêt personnel, dans la sphère économique, est le mobile des actions humaines et le grand ressort de la société, le Mal doit en provenir comme le Bien ; c’est en lui qu’il faut chercher l’harmonie et ce qui la trouble.

L’éternelle aspiration de l’intérêt personnel est de faire taire le besoin, ou plus généralement le désir, par la satisfaction.