Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 6.djvu/667

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traire, ce qui est vrai, c’est que cette idée grandit, s’étend et s’élève dans notre intelligence. Quand nous découvrons une cause naturelle là où nous avions cru voir un acte immédiat, spontané, surnaturel, de la volonté divine, est-ce à dire que cette volonté est absente ou indifférente ? Non, certes ; tout ce que cela prouve, c’est qu’elle agit par des procédés différents de ceux qu’il nous avait plu d’imaginer. Tout ce que cela prouve, c’est que le phénomène que nous regardions comme un accident dans la création, occupe sa place dans l’universel arrangement des choses, et que tout, jusqu’aux effets les plus spéciaux, a été prévu de toute éternité dans la pensée divine. Eh quoi ! l’idée que nous nous faisons de la puissance de Dieu est-elle amoindrie quand nous venons à découvrir que chacun des résultats innombrables que nous voyons, ou qui échappe à nos investigations, non-seulement a sa cause naturelle, mais se rattache au cercle infini des causes ; de telle sorte qu’il n’est pas un détail de mouvement, de force, de forme, de vie, qui ne soit le produit de l’ensemble et se puisse expliquer en dehors du tout ?

Et maintenant pourquoi cette dissertation étrangère, à ce qu’il semble, à l’objet de nos recherches ? C’est que les phénomènes de l’économie sociale ont aussi leur cause efficiente et leur intention providentielle. C’est que, dans cet ordre d’idées, comme en physique, comme en anatomie, ou en astronomie, on a souvent nié la cause finale précisément parce que la cause efficiente apparaissait avec le caractère d’une nécessité absolue.

Le monde social est fécond en harmonies dont on n’a la perception complète que lorsque l’intelligence a remonté aux causes, pour y chercher l’explication, et est descendue aux effets, pour savoir la destination des phénomènes…


fin