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TESTAMENT.

Assez devote creature.
Je l’ayme de propre nature,
Et elle moy, la doulce sade.
Qui la trouvera d’adventure,
Qu’on luy lise ceste Ballade.


BALLADE
DE VILLON ET DE LA GROSSE MARGOT.

Se j’ayme et sers la belle de bon haict,
M’en devez-vous tenir à vil ne sot ?
Elle a en soy des biens à fin souhaict.
Pour son amour ceings bouclier et passot.
Quand viennent gens, je cours et happe un pot :
Au vin m’en voys, sans demener grand bruyt.
Je leur tendz eau, frommage, pain et fruict,
S’ils payent bien, je leur dy que bien stat :
« Retournez cy, quand vous serez en ruyt,
En ce bourdel où tenons nostre estat ! »

Mais, tost après, il y a grant deshait,
Quand sans argent s’en vient coucher Margot ;
Veoir ne la puis ; mon cueur à mort la hait.
Sa robe prens, demy-ceinct et surcot :
Si luy prometz qu’ilz tiendront pour l’escot.
Par les costez si se prend, l’Antechrist
Crie, et jure par la mort Jesuchrist,
Que non fera. Lors j’enpongne ung esclat,
Dessus le nez luy en fais ung escript,
En ce bourdel où tenons nostre estat.