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IX
PRÉFACE

sa belle, lui fit des avanies, lui dit des injures, composa peut-être contre elle quelque ballade piquante, quelque rondeau bien méchant. Or, bien que religieux au fond, il frondait volontiers les choses sacrées[1]. La belle dame se plaignit ; la juridiction ecclésiastique s’en mêla[2], et Villon fut bel et bien condamné au fouet[3].

C’est à la suite de cette sentence que Villon, décidé à quitter Paris, composa les Lays ou legs auxquels on a donné depuis le titre de Petit Testament.

Dans le huitain vi, page 9, il annonce qu’il s’en va à Angers. Il est probable qu’il ne fit pas ce voyage. Ses habitudes, ses relations, sa misère, le retinrent à Paris ou aux environs. C’était en 1456. Flétri par le châtiment qu’il avait subi, aigri par l’infortune, il ne connut plus de bornes. L’année qui suivit sa condamnation fut assurément l’époque la plus honteuse de sa vie. En 1457, il était dans les prisons du Châtelet, et le Parlement, après lui avoir fait appliquer la question de l’eau[4], le condamnait à mort. On ignore le motif de cette condamnation ; on a supposé qu’il s’agissait d’un crime commis à Rueil par lui et plusieurs de ses compagnons, dont quelques-uns furent pendus[5]. Cette supposition paraît

  1. Voir notamment les huitains cvi à cx du Grand Testament.
  2. Quant chicanner me feit Denise,
    Disant que je l’avoye mauldite. P. 69.

  3. La sentence fut exécutée. La Double ballade de la page 45 ne laisse aucun doute à cet égard :

    J’en fus batu, comme à ru telles,
    Tout nud… (P. 46, v. 24–25.)

  4. C’est ce qu’indiquent clairement ces deux vers de la page 104 :

    On ne m’eust, parmi ce drapel,
    Faict boyre à celle escorcherie.

  5. Voy. la Belle leçon aux enfans perduz, p. 86, et le Jargon, p. 125.