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Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/150

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POÉSIES DIVERSES

Ainsi que fut Nabugodonosor ;
Ou bien ait perte aussi griefve et villaine
Que les Troyens pour la prinse d’Heleine ;
Ou avallé soit avec Tantalus
Et Proserpine aux infernaulx pallus,
Ou plus que Job soit en griefve souffrance,
Tenant prison en la court Dedalus,
Qui mal vouldroit au royaume de France !

Quatre mois soit en un vivier chantant,
La teste au fons, ainsi que le butor ;
Ou au Grand-Turc vendu argent contant,
Pour estre mis au harnois comme un tor ;
Ou trente ans soit, comme la Magdelaine,
Sans vestir drap de linge ne de laine ;
Ou noyé soit, comme fut Narcisus ;
Ou aux cheveux, comme Absalon, pendus,
Ou comme fut Judas par desperance,
Ou puist mourir comme Simon Magus,
Qui mal vouldroit au royaume de France !

D’Octovien puisse venir le temps :
C’est qu’on luy coule au ventre son trésor ;
Ou qu’il soit mis entre meules flotans ;
En un moulin, comme fut saint Victor ;
Ou transgloutis en la mer, sans haleine,
Pis que Jonas au corps de la baleine ;
Ou soit banny de la clarté Phœbus,
Des biens Juno et du soulas Venus,
Et du grant Dieu soit mauldit à outrance,
Ainsi que fut roy Sardanapalus,
Qui mal vouldroit au royaume de France !