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POÉSIES

Plus qu’autre croire me debvez,
Se par advanture n’avez
Information de contraire.

Celle ou celluy qui m’a brassé
Ce maulvais los et pourchassé
Me het et ne vous ayme pas ;
Mais il quiert que soye chacié
De vostre amour et effacié.
Je congnois bien telz advocas.

Se vous avez voulu refaire
Leur voulenté pour me deffaire,
Vous faictes mal et me grevez.
Considerez que vous sçavez
Qu’onc vers vous ne voulus meffaire
A bien juger.


III. RONDEL.

Une fois me dictes ouy,
En foy de noble et gentil femme ;
Je vous certifie, ma Dame,
Qu’oncques ne fuz tant resjouy.

Veuillez le donc dire selon
Que vous estes benigne et doulche,
Car ce doulx mot n’est pas si long
Qu’il vous face mal en la bouche.

Soyez seure, si j’en jouy,
Que ma lealle et craintive ame
Gardera trop mieulx que nul ame
Vostre honneur. Avez-vous ouy ?
Une fois me dictes ouy.