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XIII
PRÉFACE

quelque temps à Blois, à la cour de Charles d’Orléans, et le vers de la page 111 :

Que fais-je plus ? Quoi ? Les gaiges ravoir.

autorise à penser qu’il avait obtenu auprès du prince une de ces charges qu’on donnait aux poëtes de cour. Ainsi, par le Dit de la naissance Marie, Villon n’avait pas seulement échappé au dernier supplice ; il s’était de plus acquis la faveur de Charles d’Orléans, et il sut la conserver, du moins pendant quelque temps, et peut-être jusqu’à la mort du duc, arrivée en 1465.

Il eut un autre protecteur en la personne du duc de Bourbon, qui lui faisait de « gracieux prêts[1]. »

Enfin, Rabelais, livre IV, chapitre xiii, nous apprend que « maistre François Villon, sus ses vieux jours, se retira à Saint-Maixent en Poictou, sous la faveur d’un homme de bien, abbé dudit lieu. Là, pour donner passetemps au peuple, entreprit faire jouer la Passion en gestes et langage poictevin[2]. » Ce témoignage n’est pas irrécusable ; mais pourquoi ne pas l’accepter ? Après une vie aussi agitée, on aime à se représenter le pauvre poëte enfin tranquille, à l’abri du besoin, s’occupant, pour son plaisir, de jeux dramatiques, auxquels il avait dû probablement, dans d’autres temps, demander son pain[3].

En pénétrant dans les mystères de cette existence misérable, on est frappé de deux choses : D’abord, on remarque qu’elle n’exerça pas sur le

  1. P. 115, v. 6.
  2. Œuvres de Rabelais, édition Burgaud des Marets et Rathery, t. II, p. 92. On voit ensuite un tour joué au sacristain des cordeliers, Estienne Tapecoue, qui sent bien son Villon, mais dont le dénoûment cruel a pu être inventé par Rabelais, qui n’aimait pas les moines.
  3. On croit que Villon donna des représentations dramatiques à Paris et ailleurs, et c’est comme directeur de troupe qu’on lui fait parcourir une partie de la France et des Pays-Bas.