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POÉSIES

Cy apperçoyt le Franc Archier, de l’espoventail, que ce n’est pas ung homme.

Par le corps bieu ! j’en ay pour une !
Il n’a pié ne main ; il ne hobe ;
Par le corps bieu ! c’est une robe
Plaine, de quoy ? charbieu ! de paille !
Qu’esse-cy ? morbieu ! on se raille,
Ce cuiday-je, des gens de guerre…
Que la fièvre quartaine serre
Celluy qui vous a mis icy !
Je le feray le plus marry,
Par la vertu bieu ! qu’il fut oncques.
Se mocque on de moy quelconques ?
Et ce n’est, j’advoue sainct Pierre !
Qu’espoventail de chenevière,
Que le vent a cy abatu !…
La mort bieu ! vous serez batu,
Tout au travers, de ceste espée…
Quand la robbe seroit couppée,
Ce seroit ung très grand dommaige.
Je vous emporteray pour gaige,
Toutesfoys, après tout hutin.
Au fort, ce sera mon butin,
Que je rapporte de la guerre.
On s’est bien raillé de toi, Pierre,
La charbieu saincte et beniste !
Vous eussiez eu l’assault bien viste,
Se j’eusse sceu vostre prouesse :
Vous eussiez tost eu la renverse,
Voir, quelque paour que j’en eusse.
Or pleust à Jésus que je fusse,
À tout cecy, en ma maison !