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POÉSIES

Comme docteur en médecine
Qui tient malades en commande.

Tous les seigneurs la regardèrent
Son train, ses façons et manières ;
Mais, après luy, pas ne tastèrent,
Aussi ne luy challoit-il guères.
Après il print les esguières,
Le vin, le clairé, l’ypocras,
Darioles, tartes entières :
Il tasta de tout, par compas.

Et, pour bien entendre son cas,
Quand il vit qu’il estoit saison,
A bien jouer ne faillit pas,
Pour faire aux seigneurs la raison,
Si bien que dedans la maison
Demoura tout seul pour repaistre,
Soustenant, par fine achoison,
Qu’il se douloit du cousté destre.

Lors y avoit une couchette
Où il failloit la feste faire,
Et n’a dent qui ne luy cliquette ;
Là se mist, commençant à braire
Que l’on s’en fuyt au presbytaire,
Pour faire le prebstre acourir,
Atout Dieu et l’autre ordinaire
Qu’il fault pour ung qui veult mourir.

Quand les seigneurs virent le prebstre
Avec ses sacremens venir,
Chacun d’eulx eust bien voulu estre
Dehors, je n’en veulx point mentir :