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POÉSIES

Lamesou ; et n’y faillit mye.
Si vint demander à l’hostesse
S’ung seigneur remply de noblesse
Estoit logé en la maison.
L’hostesse respondit que non,
Et que vrayement il n’y avoit
Qu’ung Lymousin, lequel debvoit
Venir au soir souper léans.
 « Ha ! dist-il, dame de céans,
C’est celuy que nous demandons ;
Par ma foy ! c’est le grant baron,
Qui est arrivé au matin.
— Je n’entens point vostre latin,
Dist l’hostesse ; vous parlez mal :
Il n’a ne jument ne cheval ;
Il va à pied, par faulte d’asne. »
Lors Penessac respondit : « Dame,
Il vient icy pour ung procès ;
Il est appellant des excès
Qu’on luy a faictz en Lymousin,
Et va ainsi de pied, affin
Que son procès soit plus tost faict. »
L’hostesse le creut, en effet.
Alors, le seigneur de Combraye
Arrive, et Dieu sçait quelle joye
Ces deux seigneurs icy lui firent ;
Et le genoil en bas tendirent
Aussi tost comme il fut venu,
Et par ce point il fut congneu
Qu’il estoit seigneur honorable.
Le bon seigneur se sist à table,
En tenant bonne gravité.
Vis-à-vis, de l’autre costé,
S’assit le seigneur de l’hostel,