Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/56

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Jusque à l’entrée de vieillesse,
Qui son partement m’a celé.
Il ne s’en est à pied allé,
N’à cheval ; las ! et comment donc ?
Soudainement s’en est vollé,
Et ne m’a laissé quelque don.

XXIII.

Allé s’en est, et je demeure,
Pauvre de sens et de sçavoir,
Triste, failly, plus noir que meure,
Qui n’ay ne cens, rente, n’avoir ;
Des miens le moindre, je dy voir,
De me desadvouer s’avance,
Oublyans naturel devoir,
Par faulte d’ung peu de chevance.

XXIV.

Si ne crains avoir despendu,
Par friander et par leschier ;
Par trop aimer n’ay riens vendu,
Que nuls me puissent reprouchier,
Au moins qui leur couste trop cher.
Je le dys, et ne croys mesdire.
De ce ne me puis revencher :
Qui n’a meffait ne le doit dire.

XXV.

Est vérité que j’ay aymé
Et que aymeroye voulentiers ;
Mais triste cueur, ventre affamé,
Qui n’est rassasié au tiers,
Me oste des amoureux sentiers.
Au fort, quelqu’un s’en recompense,