Page:Œuvres complètes de François Villon.djvu/58

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XXIX.

Où sont les gratieux gallans
Que je suyvoye au temps jadis,
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faictz et en dictz ?
Les aucuns sont mortz et roydiz ;
D’eulx n’est-il plus rien maintenant.
Respit ils ayent en paradis,
Et Dieu saulve le remenant !

XXX.

Et les aucuns sont devenuz,
Dieu mercy ! grans seigneurs et maistres,
Les autres mendient tous nudz,
Et pain ne voyent qu’aux fenestres ;
Les autres sont entrez en cloistres ;
De Celestins et de Chartreux,
Bottez, housez, com pescheurs d’oystres :
Voilà l’estat divers d’entre eulx.

XXXI.

Aux grans maistres Dieu doint bien faire,
Vivans en paix et en requoy.
En eulx il n’y a que refaire ;
Si s’en fait bon taire tout quoy.
Mais aux pauvres qui n’ont de quoy,
Comme moy, Dieu doint patience ;
Aux aultres ne fault qui ne quoy,
Car assez ont pain et pitance.

XXXII.

Bons vins ont, souvent embrochez,
Saulces, brouetz et gros poissons ;