Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, X.djvu/112

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Le bonhomme releva la tête : « Vous savez, monsieur Pitolet, que je n’aime pas les plaisanteries sur ce sujet. J’ai eu le malheur d’épouser une compagne indigne. Lorsque j’ai acquis la preuve de son infidélité, je me suis séparé d’elle. »

Maze demanda d’un ton indifférent, sans rire : « Vous l’avez eue plusieurs fois, la preuve, n’est-ce pas ? »

Et le père Savon répondit gravement : « Oui, monsieur. »

Pitolet reprit la parole : « Cela n’empêche que vous êtes père de plusieurs enfants, trois ou quatre, m’a-t-on dit ? »

Le bonhomme, devenu fort rouge, bégaya : « Vous cherchez à me blesser, monsieur Pitolet ; mais vous n’y parviendrez point. Ma femme a eu, en effet, trois enfants. J’ai lieu de supposer que le premier est de moi, mais je renie les deux autres. »

Pitolet reprit : « Tout le monde dit, en effet, que le premier est de vous. Cela suffit. C’est très beau d’avoir un enfant, très beau et très heureux. Tenez, je parie que Lesable serait enchanté d’en faire un, un seul, comme vous ? »

Cachelin avait cessé d’enregistrer. Il ne riait pas, bien que le père Savon fût sa tête de Turc ordinaire et qu’il eût épuisé sur lui