Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, X.djvu/320

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Un ordre retentit, qu’une longue détonation suivit aussitôt. Un coup attardé partit tout seul, après les autres.

La vieille ne tomba point. Elle s’affaissa comme si on lui eût fauché les jambes.

L’officier prussien s’approcha. Elle était presque coupée en deux, et dans sa main crispée elle tenait sa lettre baignée de sang.


Mon ami Serval ajouta :

— C’est par représailles que les Allemands ont détruit le château du pays, qui m’appartenait.

Moi, je pensais aux mères des quatre doux garçons brûlés là-dedans ; et à l’héroïsme atroce de cette autre mère, fusillée contre ce mur.

Et je ramassai une petite pierre, encore noircie par le feu.


La Mère Sauvage a paru dans le Gaulois du lundi 3 mars 1884.