Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, X.djvu/38

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pousser des cris perçants, et elles s’enfuirent en courant.

Il fallut faire le sauvetage de la morte. J’attachai solidement le valet par les reins et je le descendis ensuite au moyen de la poulie, très lentement, en le regardant s’enfoncer dans l’ombre. Il tenait aux mains la lanterne et une autre corde. Bientôt sa voix, qui semblait venir du centre de la terre, cria : « Arr’tez » ; et je le vis qui repêchait quelque chose dans l’eau, l’autre jambe, puis il ligatura les deux pieds ensemble et cria de nouveau : « Halez. »

Je le fis remonter ; mais je me sentais les bras cassés, les muscles mous, j’avais peur de lâcher l’attache et de laisser retomber l’homme. Quand sa tête apparut à la margelle, je demandai : « Eh bien ? » comme si je m’étais attendu à ce qu’il me donnât des nouvelles de celle qui était là, au fond.

Nous montâmes tous deux sur la pierre du rebord et, face à face, penchés sur l’ouverture, nous nous mîmes à hisser le corps.

La mère Lecacheur et Céleste nous guettaient de loin, cachées derrière le mur de la maison. Quand elles aperçurent, sortant du trou, les souliers noirs et les bas blancs de la noyée, elles disparurent.

Sapeur saisit les chevilles, et on la tira de