Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XI.djvu/164

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sur les secondes floraisons ; ils ne les coupent jamais sur la première.

Alors me tournant vers ma compagne, je me mis à rire.

— Tu sais que je la connais, ton histoire. Ce n’est pas le canotier qui t’a connue le premier.

— Oh ! si, mon chat, je te le jure.

— Tu mens, ma chatte.

— Oh ! non, je te promets !

— Tu mens. Allons, dis-moi tout.

Elle semblait hésiter, étonnée.

Je repris :

— Je suis sorcier, ma belle enfant, je suis somnambule. Si tu ne me dis pas la vérité, je vais t’endormir et je la saurai.

Elle eut peur, étant stupide comme ses pareilles. Elle balbutia :

— Comment l’as-tu deviné ?

Je repris :

— Allons, parle.

— Oh ! la première fois, ça ne fut presque rien. C’était à la fête du pays. On avait fait venir un chef d’extra, M. Alexandre. Dès qu’il est arrivé, il a fait tout ce qu’il a voulu dans la maison. Il commandait à tout le monde, au patron, à la patronne, comme s’il avait été un roi… C’était un grand bel homme qui, ne tenait pas en place devant son four-