son fils était conseiller général, et sa fille ayant épousé un notaire, M. Poirel de la Voulte, tenait le haut du pavé dans Véziers.
Ils étaient inconsolables de la mort de leur père, car ils l’aimaient sincèrement.
Aussitôt la cérémonie terminée, ils rentrèrent à la maison du mort, et s’étant enfermés tous trois, le fils, la fille et le gendre, ils ouvrirent le testament qui devait être décacheté par eux seuls, et seulement après que son cercueil aurait été mis en terre. Une annotation sur l’enveloppe indiquait cette volonté.
Ce fut M. Poirel de la Voulte qui déchira le papier, en sa qualité de notaire habitué à ces opérations, et, ayant ajusté ses lunettes sur ses yeux, il lut, de sa voix terne, faite pour détailler les contrats :
— Mes enfants, mes chers enfants, je ne pourrais dormir tranquille de l’éternel sommeil si je ne vous faisais, de l’autre côté de la tombe, une confession, la confession d’un crime dont le remords a déchiré ma vie. Oui, j’ai commis un crime, un crime affreux, abominable.
J’avais alors vingt-six ans et je débutais dans le barreau, à Paris, vivant de la vie des jeunes gens de province échoués, sans connaissances, sans amis, sans parents, dans cette ville.