Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XI.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
45
LA DOT.

— Bon. Avait-il beaucoup d’argent sur lui ?

— Oui, il portait ma dot.

— Votre dot ?… tout entière ?

— Tout entière… pour payer son étude tantôt.

— Eh bien, ma chère cousine, votre mari, à l’heure qu’il est, doit filer sur la Belgique.

Elle ne comprenait pas encore. Elle bégayait.

— … Mon mari… vous dites ?…

— Je dis qu’il a raflé votre… votre capital… et voilà tout.

Elle restait debout, suffoquée, murmurant :

— Alors c’est… c’est… c’est un misérable !…

Puis, défaillant d’émotion, elle tomba sur le gilet de son cousin, en sanglotant.

Comme on s’arrêtait pour les regarder il la poussa, tout doucement, sous l’entrée de sa maison, et, la soutenant par la taille, il lui fit monter son escalier et comme sa bonne interdite ouvrait la porte, il commanda :

— Sophie, courez au restaurant chercher un déjeuner pour deux personnes. Je n’irai pas au ministère aujourd’hui.


La Dot a paru dans le Gil-Blas du mardi 9 septembre 1884.