Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/207

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais les soldats devaient avoir des ordres sévères, car ils les menacèrent de tirer ; et les deux voyageurs, épouvantés, s’enfuirent au pas gymnastique, en abandonnant leurs sacs qui les alourdissaient.

Ils firent alors le tour des remparts et se présentèrent à la porte de la route de Cannes. Elle était fermée également et gardée aussi par un poste menaçant. MM. Saribe et Parisse, en hommes prudents, n’insistèrent pas davantage, et s’en revinrent à la gare pour chercher un abri, car le tour des fortifications n’était pas sûr, après le soleil couché.

L’employé de service, surpris et somnolent, les autorisa à attendre le jour dans le salon des voyageurs.

Ils y demeurèrent côte à côte, sans lumière, sur le canapé de velours vert, trop effrayés pour songer à dormir.

La nuit fut longue pour eux.

Ils apprirent, vers six heures et demie, que les portes étaient ouvertes et qu’on pouvait, enfin, pénétrer dans Antibes.

Ils se remirent en marche, mais ne retrouvèrent point sur la route leurs sacs abandonnés.

Lorsqu’ils franchirent, un peu inquiets