Page:Œuvres complètes de Guy de Maupassant, XVI.djvu/46

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Dès qu’il arrive aux premières branches, il s’arrête, détache de son flanc la serpe aiguë et il frappe. Il frappe avec lenteur, avec méthode, entaillant le membre tout près du tronc ; et, soudain, la branche craque, fléchit, s’incline, s’arrache et s’abat en frôlant dans sa chute les arbres voisins. Puis elle s’écrase sur le sol avec un grand bruit de bois brisé, et toutes ses menues branchettes palpitent longtemps.

Le sol se couvrait de débris que d’autres hommes taillaient à leur tour, liaient en fagots et empilaient en tas, tandis que les arbres restés encore debout semblaient des poteaux démesurés, des pieux gigantesques amputés et rasés par l’acier tranchant des serpes.

Et, quand l’ébrancheur avait fini sa besogne, il laissait au sommet du fût droit et mince le collier de corde qu’il y avait porté, il redescendait ensuite à coups d’éperon le long du tronc découronné que les bûcherons alors attaquaient par la base en frappant à grands coups qui retentissaient dans tout le reste de la futaie.

Quand la blessure du pied semblait assez profonde, quelques hommes tiraient, en