pour dîner à l’heure ordinaire en racontant à ses domestiques tout le parcours de sa promenade.
Il dormit pourtant cette nuit-là ; il dormit d’un épais sommeil de brute, comme doivent dormir quelquefois les condamnés à mort. Il n’ouvrit les yeux qu’aux premières lueurs du jour, et il attendit, torturé par la peur du forfait découvert, l’heure ordinaire de son réveil.
Puis il dut assister à toutes les constatations. Il le fit à la façon des somnambules, dans une hallucination qui lui montrait les choses et les hommes à travers une sorte de songe, dans un nuage d’ivresse, dans ce doute d’irréalité qui trouble l’esprit aux heures des grandes catastrophes.
Seul le cri déchirant de la Roque lui traversa le cœur. À ce moment il faillit se jeter aux genoux de la vieille femme en criant : « C’est moi. » Mais il se contint. Il alla pourtant, durant la nuit, repêcher les sabots de la morte, pour les porter sur le seuil de sa mère.
Tant que dura l’enquête, tant qu’il dut guider et égarer la justice, il fut calme, maître de lui, rusé et souriant. Il discutait