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Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, III.djvu/365

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demain bis et taché sous la peau de mille points, comme si le sang avait charrié de la poussière pendant la nuit ; son front est magnifique, mais un peu trop audacieux ; ses prunelles sont vert de mer pâle et nagent dans le blanc sous des sourcils faibles, sous des paupières paresseuses. Elle a souvent les yeux cernés. Son nez, qui décrit un quart de cercle, est pincé des narines et plein de finesse, mais impertinent. Elle a la bouche autrichienne, la lèvre supérieure est plus forte que l’inférieure qui tombe d’une façon dédaigneuse. Ses joues pâles ne se colorent que par une émotion très vive. Son menton est assez gras ; le mien n’est pas mince, et peut-être ai-je tort de vous dire que les femmes à menton gras sont exigeantes en amour. Elle a une des plus belles tailles que j’aie vues, un dos d’une étincelante blancheur, autrefois très plat et qui maintenant s’est dit-on développé, rembourré ; mais le corsage n’a pas été aussi heureux que les épaules, les bras sont restés maigres. Elle a d’ailleurs une tournure et des manières dégagées qui rachètent ce qu’elle peut avoir de défectueux, et mettent admirablement en relief ses beautés. La nature lui a donné cet air de princesse qui ne s’acquiert point, qui lui sied et révèle soudain la femme noble, en harmonie d’ailleurs avec des hanches grêles, mais du plus délicieux contour, avec le plus joli pied du monde, avec cette abondante chevelure d’ange que le pinceau de Girodet a tant cultivée, et qui ressemble à des flots de lumière. Sans être irréprochablement belle ni jolie, elle produit, quand elle le veut, des impressions ineffaçables. Elle n’a qu’à se mettre en velours cerise, avec des bouillons de dentelles, à se coiffer de roses rouges, elle est divine. Si, par un artifice quelconque, elle pouvait porter le costume du temps où les femmes avaient des corsets pointus à échelles de rubans s’élançant minces et frêles de l’ampleur étoffée des jupes en brocart à plis soutenus et puissants, où elles s’entouraient de fraises godronnées, cachaient leurs bras dans des manches à crevés, à sabots de dentelles d’où la main sortait comme le pistil d’un calice, et qu’elles rejetaient les mille boucles de leur chevelure au delà d’un chignon ficelé de pierreries, Béatrix lutterait avantageusement avec les beautés idéales que vous voyez vêtues ainsi.

Félicité montrait à Calyste une belle copie du tableau de Miéris, où se voit une femme en satin blanc, debout, tenant un papier et chantant avec un seigneur brabançon pendant qu’un nègre verse