Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, IX.djvu/303

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combat. De part et d’autre la souplesse, l’agilité, la vigueur furent égales. Pour finir la lutte, Paquita jeta dans les jambes de son amant un coussin qui le fit tomber, et profita du répit que lui laissa cet avantage pour pousser la détente du ressort auquel répondait un avertissement. Le mulâtre arriva brusquement. En un clin d’œil Christemio sauta sur de Marsay, le terrassa, lui mit le pied sur la poitrine, le talon tourné vers la gorge. De Marsay comprit que s’il se débattait il était à l’instant écrasé sur un seul signe de Paquita.

— Pourquoi voulais-tu me tuer, mon amour ? lui dit-elle.

De Marsay ne répondit pas.

— En quoi t’ai-je déplu ? lui dit-elle. Parle, expliquons-nous.

Henri garda l’attitude flegmatique de l’homme fort qui se sent vaincu ; contenance froide, silencieuse, tout anglaise, qui annonçait la conscience de sa dignité par une résignation momentanée. D’ailleurs il avait déjà pensé, malgré l’emportement de sa colère, qu’il était peu prudent de se commettre avec la justice en tuant cette fille à l’improviste et sans en avoir préparé le meurtre de manière à s’assurer l’impunité.

— Mon bien-aimé, reprit Paquita, parle-moi ; ne me laisse pas sans un adieu d’amour ! Je ne voudrais pas garder dans mon cœur l’effroi que tu viens d’y mettre. Parleras-tu ? dit-elle en frappant du pied avec colère.

De Marsay lui jeta pour réponse un regard qui signifiait si bien : tu mourras ! que Paquita se précipita sur lui.

— Eh ! bien, veux-tu me tuer ? Si ma mort peut te faire plaisir, tue-moi !

Elle fit un signe à Christemio, qui leva son pied de dessus le jeune homme et s’en alla sans laisser voir sur sa figure qu’il portât un jugement bon ou mauvais sur Paquita.

— Voilà un homme ! dit de Marsay en montrant le mulâtre par un geste sombre. Il n’y a de dévouement que le dévouement qui obéit à l’amitié sans la juger. Tu as en cet homme un véritable ami.

— Je te le donnerai si tu veux, répondit-elle ; il te servira avec le même dévouement qu’il a pour moi si je le lui recommande.

Elle attendit un mot de réponse, et reprit avec un accent plein de