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Page:Œuvres complètes de H. de Balzac, VI.djvu/444

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II. LIVRE, SCÈNES DE LA VIE DE PROVINCE.
braves que les lois nomment à tort des scélérats, que toutes les dames admirent et que les juges pendent par une vieille habitude.

— Dieu soit loué !… Je suis sauvé… Un honnête homme aurait eu peur ; tandis que je suis sûr de pouvoir très-


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OLYMPIA,


bien m’entendre avec toi, s’écria le duc. Ô mon cher libérateur, tu dois être armé jusqu’aux dents.

— E verissimo !

— Aurais-tu des…

— Oui, des limes, des pinces… Corpo di Bacco ! je venais emprunter indéfiniment les trésors des Bracciani.

— Tu en auras légitimement une bonne part, mon cher Rinaldo, et peut-être irai-je faire la chasse aux hommes en ta compagnie…

— Vous m’étonnez, Excellence !…

— Écoute-moi, Rinaldo ! Je ne te parlerai pas du désir de vengeance qui me ronge le cœur : je suis là depuis trente mois — tu es Italien — tu


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OU LES VENGEANCES ROMAINES.


me comprendras ! Ah ! mon ami, ma fatigue et mon épouvantable captivité ne sont rien en comparaison du mal qui me ronge le cœur. La duchesse de Bracciano est encore une des plus belles femmes de Rome, je l’aimais assez pour en être jaloux…

— Vous, son mari !…

— Oui, j’avais tort peut-être !

— Certes, cela ne se fait pas, dit Rinaldo.

— Ma jalousie fut excitée par la conduite de la duchesse, reprit le duc. L’événement a prouvé que j’avais raison. Un jeune Français aimait Olympia, il était aimé d’elle, j’eus des preuves de leur mutuelle affection…