Page:Œuvres complètes de Juvénal et de Perse, 1861.djvu/238

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aucune passion humaine n'a distillé plus de poisons, n'a aiguisé plus de poignards, que l'insatiable désir d'une fortune sans mesure : car celui qui souhaite la richesse veut l'acquérir en un jour : et quel respect des lois, quelle crainte, quelle pudeur peuvent contenir l'impatience de l'avarice ?

O mes enfants ! disait autrefois le Marse, l'Hernique, ou le vieillard du Vestin, sachez vous contenter de ces cabanes et de ces coteaux. Gagnons, en labourant la terre, le pain qui suffit à nos besoins. Ainsi nous serons agréables aux divinités champêtres, dont la bonté secourable, accordant aux humains des moissons délicieuses, les dégoûta du gland qui nourrissait leurs pères. Jamais il ne sera criminel celui qui ne dédaigne pas une chaussure grossière pour affronter les glaces, et qui brave l'aquilon avec des toisons retournées. C'est la pourpre étrangère, inconnue à nos climats, qui conduit à tous les crimes.

Tels étaient les préceptes que nos ancêtres donnaient à leurs enfants. Aujourd'hui, même après l'automne, un père, au milieu de la nuit, court au lit de son fils endormi : «Enfant, réveille-toi, s'écrie-t-il ; prends tes tablettes, écris, prépare ton plaidoyer, médite nos anciennes lois, ou brigue dans un placet,