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DÉDICACE À JEAN-JACQUES ROUSSEAU[1]




C’est à vous que je dédie cet écrit, mânes du citoyen de Genève ! Que s’il est appelé à voir le jour, il se place sous l’égide du plus éloquent et du plus vertueux des hommes : aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’éloquence et de vertu. Homme divin, lu m’as appris à me connaître : bien jeune, tu m’as fait apprécier la dignité de ma nature et réfléchir aux grands principes de l’ordre social. Le vieil édifice s’est écroulé : le portique d’un édifice nouveau s’est élevé sur ses décombres, et, grâce à toi, j’y ai apporté ma pierre. Reçois donc mon hommage ; tout faible qu’il est, il doit te plaire : je n’ai jamais encensé les vivants.

Je t’ai vu dans tes derniers jours, et ce souvenir est pour moi la source d’une joie orgueilleuse : j’ai contemplé tes traits augustes, j’y ai vu l’empreinte des noirs chagrins auxquels t’avaient condamné les injustices des hommes. Dès lors j’ai compris toutes les peines d’une noble vie qui se dévoue au culte de la vérité. Elles ne m’ont pas effrayé. La conscience d’avoir voulu le bien de ses semblables est le salaire de l’homme vertueux ; vient ensuite la reconnaissance des peuples qui environne sa mémoire des honneurs que lui

  1. L’édition des Mémoires authentiques de Maximilien Robespierre, parue en 1830, chez Moreau-Rosier, 68, rue Montmartre, à Paris, débute par une dédicace aux mânes de Jean-Jacques Rousseau, que nous reproduisons ici.

    L’auteur de cette publication, dans le but de démontrer l’authenticité de ces mémoires, les fit précéder d’un fac-similé des pages qui vont suivre. Elles sont bien de la main de Robespierre.

    Quant au reste de l’ouvrage qui, sans transition aucune, se continue ainsi : « je suis né à Arras, ma famille y tenait un rang distingué, etc., etc. », chacun sait qu’il est apocryphe.