Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 10.djvu/419

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craignent toujours de voir tomber leurs semblables, parce que, n’ayant plus devant eux une barrière de coupables, ils restent plus exposés au jour de la vérité ; mais s’il existe des âmes vulgaires, il en est d’héroïques dans cette Assemblée, puisqu’elle dirige les destinées de la Terre et qu’elle anéantit toutes les factions. Le nombre des coupables n’est pas si grand ; le patriotisme, la Convention nationale ont su distinguer l’erreur du crime, et la faiblesse des conspirations. On voit bien que l’opinion publique, que la Convention nationale marchent droit aux chefs de partis, et qu’elles ne frappent pas sans discernement.

II n’est pas si nombreux le nombre des coupables ; j’en atteste l’unanimité, la presqu’unanimité avec laquelle vous avez voté depuis plusieurs mois pour les principes. Ceux qu’on méprise le plus ne sont pas les plus coupables, ce sont ceux qu’on prône et dont on fait des idoles pour en faire des dominateurs. Quelques membres de cette Assemblée, nous le savons, ont reçu des prisonniers des instructions portant qu’il fallait demander à la Convention quand finirait la tyrannie des Comités de salut public et de sûreté générale ; qu’il fallait demander à ces Comités s’ils voulaient anéantir successivement la représentation nationale. Les Comités ne tiennent que de la Patrie leurs pouvoirs qui sont un immense fardeau, dont d’autres peut-être n’auraient pas voulu se charger. Oui, demandez-nous compte de notre administration, nous répondrons par des faits ; nous vous montrerons les factions abattues ; nous vous prouverons que nous n’en avons flatté aucune, que nous les avons écrasées toutes pour établir sur leurs ruines la représentation nationale.

Quoi ! on voudrait faire croire que nous voulons écraser la représentation ; nous qui lui avons fait un rempart de nos corps ! nous qui avons étouffé ses plus dangereux ennemis ! on voudrait que nous laissassions exister une faction aussi dangereuse que celle qui vient d’être anéantie, et qui a le même but, celui d’avilir la représentation nationale et de la dissoudre !

Au reste, la discussion qui vient de s’engager est un danger pour la Patrie ; déjà elle est une atteinte coupable portée à la liberté ; car c’est avoir outragé la liberté que d’avoir mis en question s’il fallait donner plus de faveur à un citoyen qu’à un autre ; tenter de rompre ICI cette égalité, c’est censurer indirectement les décrets salutaires que vous avez portés dans plusieurs circonstances, les jugements que vous avez rendus contre les conspirateurs ; c’est défendre aussi indirectement ces conspirateurs, qu’on veut soustraire au glaive de la justice, parce qu’on a avec eux un intérêt commun ; c’est rompre l’égalité. Il est donc de la dignité de la représentation nationale de mmntenir les principes. Je demande la question préalable sur la proposition de Legendre. »