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Séance du 8 thermidor An II

SUITE DE LA SÉANCE :

Le DÉBAT CONCERNANT LE DISCOURS DE ROBESPIERRE Une sembUble prudence a retenu le» journalistes. Piusieurs ont attendu le n" du 10 thermidor pour reiidre compte de la suite de cette séance ; ils insistent sur les interreotions contre Robespierre, mais ne citent pas ou citent à peine ses réponses.C’est notamment le cas de la Gaxette hisioriqae et politique, n<* 2 1 ; des Amales de /■ RépaUtQUefrantmte, t. IV. n" 238. p. 4.

Annales patriotiques, n° 572, p. 2499.

« Robespierre prononce un long discours sur les factions scélérates, héritières des Hébert, des Chaumette, etc., qui se tourmentent en tous sens pour semer la division parmi les représentants du peuple ; il prononce de fortes vérités sur la situation actuelle des choses, et démasque ouvertement les chefs de cette nouvelle trame. Son discours, que nous ne hcizarderons pas d’extraire, est fort applaudi, et la majorité de l’Assemblée en demande l’impression.

[ ]

Panis appuie vivement cette proposition [de Fréron], et répond avec beaucoup de vivacité à plusieurs articles du discours de Robespierre ; il dit que Robespierre est accusé d’avoir demandé trente têtes. Il ne le croit pas ; mais il faut, dit-il, qu’il s’explique à ce sujet.

Je demande la parole sur toutes ces infamies, s’écrie Robespierre ; tous ces bruits atroces ne sont que l’indice de la conspiration que j’ai dévoilée ; suis-je fait pour avoir l’air de marcher de concert avec ceux qui veulent m’assassmer ? J’ai bien prévu les conséquences ^ue l’on tireroit de mon discours ; mais je n’ai pas pu ne pas le faire, c’étoit une démarche nécessaire à l’innocence opprimée. Il ne me restoit que ce moyen de remplir un devoir sacré, la Convention l’appréciera plus tard. Il n’y a qu’un moyen de sauver la patrie, c’est d’éteindre toutes les querelles particulières. (On applaudit.) Répare donc tes erreurs, s’écrie-t-on.

Je n’ai calomnié personne, poursuit Robespierre. Fouché, s’écrie Panis.

Robespierre. On ne tirera pas de moi une rétractation qui n’est pas dans mon cœur ; j’ai dit la vérité, j’ai fait mon devoir ; que chacun fasse le sien. L’objet de mon discours a été d’engager la Convention à reprendre sa puissance, surtout à l’exercer. Qu’importe que le décret dont on vous parle subsiste ou ne subsiste pas : s’il subsiste, et qu’il y ait une ligue qui s’oppose à son exécution, s’il est rapporté et qu’il soit nécessaire. Les intrigues se croisent d’une manière si effrayante, qu’il n’y a plus que le puissant amour de la patrie qui puisse nous sauver. Mon opinion est indépendante ; je ne dépends que de mon devoir et de la justice. Si l’on ne m’a point entendu, je n’ai rien à dire ; je me renferme dans mon cœur, et je continuerai de faire mon devoir. »