cipaux. J’ai toujours soupçonné les deux gros D — et D[1] — de la Convention d’être les premiers conjurés. Rappelle-toi leur conduite dans toutes les circonstances qui ont précédé, depuis Dumouriez jusqu’à ce jour, leur silence dans la crise actuelle et les motions puériles d’ajournement, de renvoi, d’amendement de l’un, par lesquelles il veut faire connaître qu’il est là ; l’autre jette son feu sur Francfort et veut la livrer aux flammes parce que cette ville réclame la remise d'une contribution, occasion bien éclatante pour faire briller son amour pour la République française.
L’armée révolutionnaire devoit nécessairement devenir une armée contre-révolutionnaire ; elle étoit par sa nature une force isolée de la force publique, et par sa composition dangereuse, par les hommes qui l’avoient composée. Tu te rappelle sans doute de mes réflexions sur cette formation et de ce que je t’ai dit dans mon séjour à Paris. Toutes les armées de la République sont et demeureront révolutionnaires ; parce qu’elles sont incorruptibles par leur nombre ; il est cependant à craindre qu’il n’y ait quelques traîtres dans leur rang, les nouvelles levées ont dû les y introduire ; il auroit fallu prendre des précautions pour en extraire les fils des incarcérés ou des guillotinés et en faire des corps de pioniers. Cette opération ne peut se faire en ce moment sans désorganiser les armées, il faut attendre une occasion favorable, ou même les laisser à la sagesse des représentans du peuple aux armées.
Boucliotte[2] est-il coupable, est-il suspecté ? J’ai peine à concevoir comment, ses bureaux étant remplis de conspirateurs, il n’auroit pas dénoncé le premier ces scélérats. S’il ne les a pas connu, il doit être regardé comme un sot, et par conséquent comme capable de compromettre la chose publique par sa bonhomie et son inconcevable cécité. Tu me demandes la liste des patriotes que j’ai pu découvrir sur ma route. Ils sont bien rares, ou peut-être la torpeur empêchoit les hommes purs de se montrer par le danger et l’oppression où se trouvoit la vertu.
Un des hommes les plus purs et les plus ardens que j’aie rencontré c’est le citoyen Viennot apoticaire à Vesoul, mis