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Séance du 10 avril 1793

malgré ses livres sur l’éducation ; je vois le victorieux Dumouriez aux pieds de la sœur, et dans une attitude respectueuse en présence du frère.[1]

Je vois ensuite le fils de d’Orléans écrire comme Dumouriez ; je le vois fuir précipitamment avec Dumouriez, avec Valence, et je n’ai pas besoin d’en savoir davantage pour connaître la faction toute entière. Je devine la perfidie profonde des conspirateurs qui, pour couvrir leurs complots d’un voile impénétrable, avaient feint de vouloir expulser les individus de la ci-devant famille royale, dans un temps où la France entière ne voyait aucun motif à cette proposition imprévue[2] ; dans un temps où des patriotes de bonne foi croyaient défendre, en les repoussant, les principes et l’intégrité de la représentation nationale. Je conçois pourquoi ils demandaient l’expulsion des Bourbons en général, pour éloigner la condamnation de la royauté dans la personne de Louis XVI, et pourquoi, depuis la punition du tyran, ils ont oublié et même rejeté cette mesure, dans le moment où l’aristocratie levait l’étendard de la révolte, pour rétablir la royauté.

Les amis et les complices de Dumouriez, membres du Comité de défense générale, connaissaient sans doute ces secrets mieux que personne ; mais ils comptaient sur le succès de sa criminelle entreprise ; aussi, nous les avons vu d’abord excuser la lettre insolente du 12 mars à la Convention, sous le prétexte que ce général devait être irrité par les dénonciations faites contre lui dans les sociétés populaires[3]. Nous les avons vus cherchant à écarter les accusations qu’ils redoutaient, en se hâtant de répéter leurs déclamations ordinaires contre les députés patriotes, contre les Jacobins, etc. etc. Là nous avons entendu Vergniaux prétendre que les opinions politiques de Dumouriez étaient indifférentes, et qu’il était intéressé à la cause de la révolution. Là nous avons vu Gensonné s’indigner de ce que l’on donnait à Dumouriez les qualifications qu’il méritait, et vanter impudemment son civisme, ses services et son génie. Il est prouvé que Gensonné entretenait une correspondance habituelle avec Dumouriez, courrier par courrier[4]. et Gensonné voulait se charger vis--

  1. Robespierre énumère les personnes, toutes de la famille ou de l’entournge du duc d’Orléans, qui accompagnèrent Dumouriez dans sa fuite.
  2. Allusion à la proposition prématurée de Guadet, voir Lettres… à ses Commettans, 1re série, n° 11.
  3. Ce fut le 15 mars à midi que se tint cette séance. Le proocès-verbal publié par Aulard (Recueil des actes…, II, 384), EST des pLus laconique.
  4. A la Séance du 1er avril, Marat rappela cette correspondance : « Gensonné, dit-il, est en relations intimes avec Dumouriiez » (Mon., XVI, 15 et 18-28).